Vous avez le droit de vivre des émotions fortes

Les émotions fortes que vous avez peut-être ressenties au moment de l’annonce sont-elles normales ? Combien de temps ces sentiments vont-ils durer ? Par quelles phases risquez-vous de passer dans les prochaines semaines ? Comment vous relever aussi rapidement que possible et apprendre à vivre avec le VIH ?

« Le ciel m’est tombé sur la tête ». « Tout s’est effondré ». « Je me suis vu mourir… » Ce choc, ce sentiment que la vie bascule, la plupart des personnes apprenant leur diagnostic positif au VIH l’ont ressenti.

C’est un fait : une telle annonce change une vie. Dans les jours, les mois et peut-être même les années suivant le diagnostic, vous avez peut-être ressenti des émotions très fortes, qui s’apparentent parfois aux sentiments que peuvent connaître les personnes qui traversent un deuil.

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Du choc de l’annonce à l’intégration du VIH à votre nouvelle vie

  • Dans un premier temps donc, l’annonce a peut-être entraîné chez vous un sentiment de sidération, un véritable choc.
  • Peut-être avez-vous ensuite traversé une période de déni : « C’est un cauchemar, ce n’est pas possible ! »
  • Comme bon nombre de personnes porteuses du VIH, vous avez certainement ressenti de la colère, un sentiment de révolte ou d’injustice.
  • Vous avez peut-être eu envie de marchander, de négocier « une nouvelle chance ».
  • Puis traversé une période de dépression, vous sentant isolé, craignant d’être rejeté et que votre vie change pour toujours.

Toutes ces émotions, tous ces états d’âme sont normaux, humains. Il est important de vous autoriser à les ressentir. Si c’est possible, et si vous en ressentez le besoin, il est également bon de les exprimer. Certaines associations organisent des groupes de parole et d’auto-support et certains psychologues ou psychothérapeutes sont spécialisés dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH. Vous trouverez leurs coordonnées dans notre annuaire de contacts. Enfin, Sida Info service propose une ligne d’écoute où des spécialistes peuvent accueillir votre parole.

Choc suivant l’annonce, déni, colère ou dépression, ces étapes sont vécues de manière plus ou moins intense, peuvent durer plus ou moins longtemps et survenir à des moments différents selon les personnes. Elles peuvent être vécues plus d’une fois, dans un ordre et à rythme différent. Certains vivront d’abord le déni avant la colère, seront plus longuement sous le choc que déprimées. Mais ces étapes sont nécessaires et font partie d’un processus qui mène à l’acceptation. Toutes ces émotions font partie de vous et il faut les accueillir comme telles, car les vivre et ressentir vous permettra de vous approprier cette nouvelle donne pour votre vie, et rebondir !

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Accepter le diagnostic pour apprendre à vivre avec le VIH

Quelques jours ou quelques mois après le diagnostic, viendra petit à petit la période d’intégration, de transformation : vous vous engagez sur le chemin pour apprendre à vivre avec le VIH.

Car l’acceptation de cette nouvelle donne n’est pas une fin en soi. Comme pour toutes les personnes atteintes d’une maladie chronique, accepter le diagnostic est l’étape à partir de laquelle il est possible d’intégrer le VIH dans sa vie et de réaliser les transformations nécessaires de ses habitudes. Objectif : vivre bien avec le virus et, peut-être, trouver un nouveau sens à votre vie.

Le choc de l’annonce

Comité des familles

Comment rebondir après le choc de l’annonce d’un diagnostic VIH positif ?

Nous sommes tous différents, et selon notre histoire, nos ressources et notre entourage, nous réagissons différemment. Mais pour faire face à l’annonce plus facilement, voici quelques suggestions :

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1. Raccrochez-vous à des faits concrets

Votre médecin vous le dira certainement : aujourd’hui, on vit bien avec le VIH. Grâce aux nouveaux traitements, votre espérance de vie est équivalente à celle de la population générale. Vous vivrez même peut-être plus longtemps que la moyenne, grâce à un suivi médical plus rapproché, qui permet de détecter plus tôt d’éventuelles maladies.

De nombreuses questions d’ordre médical se bousculent sans doute dans votre esprit et c’est normal. N’hésitez pas à les noter et à consulter votre médecin spécialement pour en discuter avec lui. Les associations d’accompagnement des personnes qui se trouvent dans la même situation comme vous sont également là pour vous écouter. La quantité d’informations est importante, il faut parfois du temps pour tout comprendre et assimiler.

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2. Autorisez-vous à vivre des émotions fortes et changeantes…

… et à traverser des périodes plus ou moins heureuses ! Il est fréquent pour les personnes vivant avec le VIH, comme pour tout le monde d’ailleurs, de connaître des phases de déprime voire de dépression. Elles sont pénibles, on a souvent l’impression que cette déprime est sans issue, mais elles finissent par laisser place à une période où la vie et l’optimisme reprennent le dessus.

Parce qu’elles permettent également un cheminement, les phases de dépression peuvent nous aider à trouver notre voie. A répondre à une question existentielle : pourquoi suis-je là ? Que puis-je faire pour donner un sens à ma vie ?

On parle d’aspirations profondes et de grands projets de vie, mais les petites actions menées au quotidien pour avancer sont loin d’être anodines. Il peut notamment s’agir de gestes dédiés à notre bien-être physique et mental : prendre soin de notre corps et de nos émotions doit être un leitmotiv pour tous et plus encore lorsque l’on vit avec le VIH.

Car c’est bien l’un des objectifs premiers lorsque l’on doit se relever après l’annonce d’un test positif au VIH : avoir le sentiment de (re)prendre le contrôle de son corps et de sa vie.

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3. Exprimez vos angoisses et autorisez-vous des rechutes

Pour éviter de ruminer, d’avoir le sentiment d’être seul face à vos angoisses, vous pourriez avoir besoin d’exprimer ce que vous ressentez. À un parent, un ami ou un collègue, si vous avez trouvé une oreille attentive dans votre entourage.

Mais cela pourrait être plus facile avec une personne qui a une expérience personnelle du VIH. Vous pourrez la rencontrer dans une association ou dans un groupe de parole par exemple.

Vous pourriez aussi trouver réconfort et clés pour avancer en consultant un professionnel de l’écoute et de la santé. Nadège Pierre est psychologue-sexologue à Alfortville (94). Elle reçoit des patients qui ont tout juste découvert leur séropositivité, et d’autres qui viennent ou reviennent la voir plusieurs mois ou années plus tard. Elle s’exprimait au micro de Vivre avec le VIH du Comité des Familles : « Certaines personnes ont des contrecoups quelquefois plusieurs mois après parce qu’elles s’aperçoivent qu’elles n’arrivent plus à se projeter, qu’elles n’ont plus envie de bouger d’une manière générale, qu’elles n’ont plus de désir sexuel, de travailler, désir d’aimer, de sortir, etc. »

En effet, ces rechutes dans un état de déprime ou de dépression sont assez fréquentes. Pour vous aider à en sortir, n’hésitez pas à en parler avec un psychologue, avec une infirmière spécialisée ou avec un médecin de la PASS : ces permanences d’accès aux soins de santé sont ouvertes à tous et orientent notamment les personnes en situation de précarité vers les associations, les soignants ou encore les assistants sociaux.

Retrouvez confiance en vous

Comme pour Lola, 32 ans, qui a découvert sa séropositivité en 2012, un an après son arrivée en France, une rencontre avec un de ces professionnels pourrait changer votre vie : « J’ai découvert ma séropositivité lorsque j’étais enceinte. Au bout d’un mois j’étais indétectable et mon bébé est né en bonne santé. Pourtant, pendant longtemps, je n’acceptais pas le diagnostic, je me cachais avec mon enfant. Et puis un jour, j’ai rencontré un infirmier qui venait du Burkina Faso. Il m’a tendu un miroir et m’a dit ‘Vois-tu une femme malade ?Non, je ne voyais pas une femme malade, ça ne se voyait pas. Cela m’a redonné confiance en moi. Il m’a convaincue et beaucoup rassurée sur tous les plans. Ensuite, il m’appelait et m’encourageait. Aujourd’hui, j’ai une belle vie, je travaille, j’ai rencontré un homme grâce au Comité des familles et nous avons un nouvel enfant. »