VIH indétectable = zéro transmission

Une personne qui prend son traitement VIH et dont la charge virale est indétectable ne peux pas transmettre le virus à son partenaire. Cette réalité scientifique est connue sous l’expression « indétectable = intransmissible » ou I=I (et U=U en anglais). Une avancée majeure pour les personnes vivant avec le VIH connu depuis près de quinze ans, mais qui n’est pas encore connue de tous.  

On peut vivre avec le VIH et avoir une vie sexuelle épanouie, sans crainte de transmettre le virus à un partenaire. Car on le sait désormais avec certitude : lorsque la charge virale est indétectable, le virus ne se retrouve ni dans le sang ni dans les sécrétions sexuelles.

Les thérapies antirétrovirales permettent donc non seulement de préserver la santé, mais ce sont aussi aujourd’hui les meilleurs outils de prévention. On parle d’ailleurs de TasP, pour Treatment as Prevention (traduisez : le traitement comme prévention).

© Prévention Sida

Les conditions pour l’instauration de I=I

Pour que I=I soit une réalité individuelle, le traitement doit être efficace et permettre de faire descendre la charge virale sous le seuil de détectabilité qui est fixé à 40 ou 50 copies/ml de sang, selon le degré de précision des tests.

Deuxième condition : l’observance du traitement doit être excellente, afin d’éviter que le virus reprenne sa réplication ou développe une résistance au traitement.

Il est également important de respecter le rythme des bilans médicaux pour s’assurer que la charge virale reste sous le seuil de la détectabilité.

Enfin, dernière condition requise : l’absence d’une autre infection sexuellement transmissible (IST). S’il est conseillé de contrôler sa charge virale au VIH tous les six mois environ, il est recommandé de faire un test de dépistage des autres IST tous les trois mois en cas de prise de risque sexuelle.

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I=I, une réalité qui change la vie, au-delà de la sexualité

L’affirmation I=I a bien entendu changé beaucoup de choses dans la vie des personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est indétectable (ou le sera bientôt). Non seulement leur espérance de vie rejoint désormais celle des personnes séronégatives (voire la dépasse grâce à un bon suivi médical), mais elles peuvent désormais mener une vie normale, à l’exception de la prise du traitement et des bilans médicaux réguliers : profiter de la vie et pouvoir se projeter dans le futur ; faire des enfants naturellement sans risque de leur transmettre le virus ; et s’épanouir sexuellement sans craindre de contaminer son ou ses partenaire(s).

La diffusion du message I=I est importante : elle contribue à briser l’image de vecteur de transmission de la mort qui a trop longtemps collé aux personnes vivant avec le VIH.

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Un espoir pour vaincre l’épidémie

Grâce à cette réalité scientifique, on estime qu’en 2030, plus personne ne devrait être contaminé par le VIH en France. A condition toutefois que le message circule largement et qu’il encourage le plus grand nombre à se faire dépister et, en cas de séropositivité au VIH, à débuter un traitement rapidement.

A noter : avoir une charge virale indétectable ne signifie pas que l’on est guéri du VIH. Même si le virus ne fait plus de dégâts sur le système immunitaire, il reste présent dans l’organisme, enfermé dans les réservoirs que les traitements ne savent pas encore atteindre. A l’arrêt d’un traitement anti-VIH ou si celui-ci est pris de manière irrégulière, le virus recommence rapidement sa multiplication. La bonne observance de la thérapie est, rappelons-le, indispensable pour conserver une charge virale indétectable.

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I=I, une réalité scientifique qui doit être mieux connue

C’est le professeur Bernard Hirschel qui, le premier, lance ce qui est à l’époque considéré comme un pavé dans la mare, et connu comme « l’avis suisse ». Nous sommes en janvier 2008, et il explique qu’au vue des études, cela ne fait aucun doute : le traitement anti-VIH est la meilleure des préventions.

Certains doutent et craignent que cette affirmation pousse à l’abandon du préservatif, seule protection efficace jusqu’à lors connue contre le VIH. Et il faut près de deux ans pour que cet avis scientifique soit entériné par le rapport Yeni, rapport d’experts sur la prise en charge du VIH. Et encore une année de plus pour que l’ONUSIDA et l’OMS commencent à considérer cette nouvelle donne et à promouvoir les traitements anti-VIH comme moyen de prévention.

Depuis, pour continuer à rassurer les sceptiques, une grande étude internationale a été lancée. Son premier volet s’est achevé en 2012, et le second en 2019. Baptisée Partner, elle a suivi près de 1 500 couples sérodifférents hétéro ou homosexuels sous traitement et dont la charge virale était indétectable. Verdict : après 100 000 rapports sexuels (anaux ou vaginaux) sans préservatif ni PrEP, aucune contamination n’a été constatée. Tous les partenaires séronégatifs le sont restés. Cette information est, encore une fois, capitale pour améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH et pour lutter contre les stigmas et la discrimination dont elles sont encore victimes. Pourtant, elle n’est toujours pas connue du plus grand nombre. Depuis plusieurs années, associations et acteurs engagés dans la lutte contre le sida martèlent donc ce message : lorsque la charge virale est indétectable, on ne peut pas transmettre le VIH !


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