Vous êtes enceinte ? Félicitations ! Vous avez toutes les chances de mettre au monde un bébé en pleine santé, à condition de suivre les consignes de votre médecin.
Que votre statut sérologique ait été découvert pendant votre grossesse ou que vous en aviez déjà connaissance, vous bénéficierez dans les mois à venir du même suivi que les toutes les femmes enceintes. Mais lors de votre visite mensuelle, certains éléments de votre bilan biologique seront surveillés de près. Objectif : s’assurer que votre charge virale est suffisamment basse pour éviter une transmission du virus à votre bébé.
Quels sont les risques de transmission du VIH d’une mère à son bébé ?
Si vous ne recevez pas de traitement antirétroviral pendant votre grossesse et notamment au dernier trimestre, votre bébé est en effet susceptible de contracter le VIH in utero mais aussi pendant votre accouchement. Sans thérapie, les risques s’élèvent à 20-25 %. Si vous êtes efficacement traitée et que votre bébé prend un traitement ARV à la naissance, ce risque chute à moins de 1 % : il est estimé à 0,3 % si votre charge virale est inférieure à 50 copies, et à 0,5 % si votre charge virale est inférieure à 500 copies.
Quelle que soit votre situation, votre bébé sera, à sa naissance, placé sous traitement ARV. Ce traitement dure généralement 4 à 6 semaines, âge auquel son statut sérologique peut être établi par une prise de sang.
Quel traitement ARV pendant la grossesse ?
Si vous étiez traitée par ARV avant d’être enceinte, vous devez poursuivre ce traitement à condition qu’il ne soit pas contre-indiqué pendant la grossesse en raison de sa toxicité potentielle pour le fœtus. Si nécessaire, votre médecin adaptera votre traitement.
Il choisira les molécules les mieux adaptées à la grossesse en se basant sur les connaissances actuelles. Son choix tiendra également compte d’une éventuelle résistance connue du virus.
À noter : la boîte de certains médicaments ARV porte un pictogramme indiquant qu’ils sont contre-indiqués pour les femmes enceintes. Cette mention ne doit pas vous décourager à débuter ou à poursuivre votre traitement : la prescription de votre médecin est faite selon la recommandation des experts et tient compte des risques et des bénéfices.
Accoucher par voie basse ou par césarienne ?
C’est quelques jours avant le terme de votre grossesse que votre médecin pourra décider avec vous si l’accouchement par voie basse est possible ou si une césarienne est préférable.
Si votre charge virale est indétectable (inférieure à 50 copies/ml), et sauf contre-indication pour une autre raison, votre médecin vous conseillera probablement d’accoucher par voie vaginale. Si votre charge virale se situe entre 50 et 400 copies/ml à 8 mois de grossesse, la situation sera discutée au cas par cas. Mais si votre charge virale est au-delà de 400 copies/ml, une césarienne sera programmée au terme de la grossesse afin de limiter au maximum les risques de transmission du virus à votre bébé lors de l’accouchement.
Quel est l’état des recherches scientifiques concernant l’allaitement des personnes vivant avec le VIH ?
Quel suivi pour un bébé né d’une maman séropositive ?
Pour s’assurer que votre bébé n’a pas été infecté pendant la grossesse ou l’accouchement, il devra subir trois analyses sanguines dans les premiers mois de sa vie : ces prises de sang sont généralement effectuées quelques heures ou quelques jours après la naissance, à l’âge de 1 ou 2 mois et à l’âge de 4 à 5 mois. Si les analyses reviennent négatives, votre médecin cherchera la confirmation par un nouveau test de dépistage lorsque votre enfant aura entre 18 et 24 mois.
S’il s’avère que votre bébé est séropositif, il devra suivre un traitement antirétroviral, qui pourra être différent de celui administré jusqu’à l’âge de 4 à 6 semaines. Un traitement ARV efficace lui permettra de vivre en bonne santé et d’avoir une espérance de vie comparable à une personne séronégative, voire supérieure grâce à un suivi tout au long de sa vie.
Suivi des mamans séropositives à l’hôpital
Si vous avez appris votre séropositivité pendant votre grossesse
Environ 20 % des femmes infectées découvrent leur statut sérologique à l’occasion du test de dépistage systématiquement proposé en début de grossesse. C’est notamment le cas de Tanya, 29 ans, qui a aujourd’hui deux enfants : « Lorsqu’on m’a convoquée pour m’annoncer que j’étais positive au VIH, à deux mois de grossesse, le ciel m’est tombé sur la tête. Dix minutes avant, je nageais dans le bonheur et là… l’horreur. Après le choc passé, j’ai eu rendez-vous avec un médecin spécialiste du VIH. Il m’a beaucoup rassurée en m’expliquant qu’avec un traitement adapté, il y avait très peu de chances que mon bébé soit séropositif lui aussi. J’ai suivi le traitement à la lettre pendant tout le reste de ma grossesse, en prenant des médicaments chaque jour et j’ai patienté, aussi sereine que possible, jusqu’à la naissance de ma fille… qui s’est révélée séronégative. »
En effet, un protocole préventif permet aujourd’hui de réduire considérablement les risques de transmission du virus, même lorsque la mère n’avait pas commencé une thérapie avant la grossesse. Il consiste le plus souvent à administrer un traitement à la future mère à partir du sixième mois de grossesse, et à l’enfant dès sa naissance. Le traitement pourra être arrêté si les sérologies du bébé reviennent négatives vers l’âge de 6 semaines.
Si vous êtes séronégative mais que le futur papa est séropositif
Si seul le père est séropositif, mais qu’il prend correctement son traitement ARV et a une charge virale indétectable, le VIH ne sera pas transmis à votre bébé. Toutefois, un nouveau test de dépistage pourra être réalisé autour du sixième mois de grossesse. Il doit permettre de s’assurer que vous n’avez pas été contaminée depuis que vous êtes enceinte.
Peut-on allaiter si l’on est séropositive ?
La décision d’allaiter ou non un nouveau-né dépend de plusieurs facteurs. Les risques de transmission sont élevés (entre 5 et 20 %) si la mère ne suit pas de traitement ARV, mais ils sont bien plus limités chez les bébés dont la mère a une charge virale contrôlée.
Si le corps médical français recommande encore, le plus souvent, d’éviter l’allaitement, de nouveaux protocoles permettent d’espérer qu’il deviendra possible pour toutes : l’administration d’un traitement ARV à la mère et à l’enfant pendant toute la durée de l’allaitement semble en effet limiter largement les risques. Les résultats de récentes recherches1 sont prometteurs et regardés de près par l’Organisation Mondiale de la Santé qui sait que, dans certaines conditions de précarité notamment, l’allaitement est préférable pour l’enfant.