L’allègement des traitements : comment et pour qui ?

Aujourd’hui, les traitements permettent aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie quasiment normale. Mais parce qu’ils restent lourds et que leurs effets secondaires sont parfois gênants, les laboratoires planchent sur leur allègement. Grâce aux progrès de la recherche, la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH continue à s’améliorer.

L’allègement des traitements est un réel espoir pour de nombreuses personnes pour qui les traitements sont contraignants, entraînent des effets secondaires gênants ou une toxicité à long terme pour l’organisme.

Depuis quelques années, la simplification thérapeutique permet de combiner une bithérapie ou une trithérapie dans un seul comprimé, à prendre en une prise unique quotidienne. Une réelle avancée par rapport aux premiers traitements ARV qui nécessitaient la prise d’une vingtaine de médicaments à intervalle régulier, y compris au milieu de la nuit.

La bithérapie pour diminuer le nombre de molécules

Les recherches s’orientent aujourd’hui notamment vers un allègement du nombre de molécules combinées. Celles-ci étant plus puissantes, certains patients se voient ainsi proposer d’entamer non pas une trithérapie mais une bithérapie : ils sont disponibles en France depuis mars 2020.

La stratégie 4D, pour diminuer la fréquence des prises de médicaments

Une autre piste étudiée et désormais validée par les études cliniques est la réduction du nombre de prises hebdomadaire, passant à quatre jours par semaine, du lundi au jeudi par exemple. On parle de stratégie 4D, pour 4 Days (quatre jours). Les différentes études semblent montrer que le traitement reste très efficace.

Notez cependant que cet allègement n’est en principe possible que dans certaines conditions, à commencer par une charge virale indétectable depuis plusieurs mois et l’absence d’une résistance sous-jacente du virus.

© Actions traitements

Des thérapies injectables administrées une fois par mois

La nouveauté et l’allègement dans les thérapies ARV vient aussi de leur mode d’administration. En décembre 2021, une bithérapie a été introduite sur le marché. Elle a la particularité de se présenter sous forme de médicament injectable administré tous les mois ou tous les deux mois à l’hôpital. Selon la Haute autorité de santé, ces nouveaux traitements permettent de gagner en tolérance et en simplicité d’administration tout en maintenant leur efficacité.

D’autres formes de traitement en cours de développement

Certaines équipes cherchent également à mettre au point des molécules à longue demi-vie qui ne nécessiteraient que la prise d’un comprimé chaque semaine par exemple.

Et les traitements pourraient prendre d’autres formes dans les années à venir : implants à durée d’action d’un an, traitements sous forme de patchs, d’anneaux vaginaux ou encore de systèmes gastriques… Objectif : trouver une thérapie qui soit de moins en moins intrusive dans la vie de la personne. Elle doit faciliter l’observance du traitement, tout en maintenant voire en améliorant son efficacité et en réduisant les risques de toxicité à long terme sur l’organisme.

Un traitement anti-VIH en deux phases

De plus en plus de médecins spécialistes du VIH proposent aujourd’hui un traitement en deux phases :

  • un traitement d’attaque lorsque le virus n’est pas encore contrôlé. Il faut une puissance antirétrovirale importante et une observance maximale. L’idée est de s’attaquer au virus de manière forte pour l’écraser et l’empêcher de développer des résistances ;
  • un traitement de maintenance quand le virus est indétectable depuis plusieurs mois (charge virale inférieure à 50 copies/ml). Il peut être envisagé de l’alléger.

Bientôt un espoir de rémission ?

Si la guérison complète et définitive du VIH ne semble pas atteignable dans les années à venir, de nouvelles thérapies permettant une rémission pourraient voir le jour dans la prochaine décennie. Objectif : maintenir le virus à l’état latent dans ses réservoirs afin que la virémie reste indétectable après l’arrêt programmé des traitements antirétroviraux. Des essais cliniques réalisés par l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales) doivent débuter en ce sens en 2021.

Les conditions et les précautions pour alléger un traitement anti-VIH

Si de nombreux patients bénéficient d’un allègement de thérapeutique, il n’est pas possible pour tous. L’historique médical de chacun doit être étudié de près et certaines conditions doivent être réunies :

  • avoir une charge virale indétectable depuis plus de 6 mois et idéalement 1 à 2 ans ;
  • ne pas avoir un Nadir (ce chiffre indiquant la valeur minimale enregistrée) inférieur à 200 CD4/mm3 ;
  • ne pas avoir d’atteinte neurologique liée au VIH ;
  • avoir un virus pleinement sensible au traitement proposé.

Si vous espérez pouvoir alléger votre traitement mais que votre médecin infectiologue n’y est pas favorable, vous pouvez consulter un autre médecin pour avoir un second avis. En revanche, n’allégez jamais votre traitement sans avis médical favorable. Cela pourrait rapidement conduire à un échappement thérapeutique, faire remonter votre charge virale et chuter vos CD4.

Il est important de garder à l’esprit que chaque cas est particulier et que les traitements progressent rapidement. Si un allègement n’est pas envisageable aujourd’hui pour vous, il le sera peut-être demain.


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